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Valérie Tenza Darmandy

Valérie Tenza Darmandy

Biographie

Interview donnée au média SandSab en Mars 2024.

Naissance le 28 Décembre 1965, Charlevilles-Mézières. Capricorne Ascendant Scorpion avec Uranus conjoint à Pluton, mon maître Ascendant, Scorpion.

Mars, autre maître Ascendant est en Verseau conjoint à Vénus. Conjonction Mars-Vénus Verseau sous la maîtrise d’Uranus. Dominante Uranienne. Mon ciel présente une maitrise entre la conjonction Mars-Vénus en Verseau et la conjonction Uranus-Pluton à l'opposition de Saturne. Noeud Nord en Gémeaux cuspide de VIII. Soleil en Capricorne en cuspide de III.

Conjonction Lune-Saturne en IV. Lune Poisson trigone à ma cuspide d'Ascendant Scorpion. Mercure en Sagittaire trigone au MC Lion.

Mercure en Sagittaire très dissonant opposé Jupiter Gémeaux au double carré Saturne-Uranus-Pluton.

Réception mutuelle Mercure-Jupiter.

COMMENT L'ASTROLOGIE S'EST IMPOSEE DANS MA VIE

Plusieurs circonstances poussent à étudier l’astrologie, une conférence peut éveiller la curiosité et susciter le désir d’apprendre cette discipline. On peut y venir pour comprendre certaines expériences, à travers son prisme, la verbalisation de l’expérience aide à prendre du recul, et probablement apaise l’esprit.

Ma rencontre avec l’astrologie fut différente. Mon parcours astrologique tient d’une série d'événements survenus dans mon enfance qui bouleversa bien sûr ma jeune vie, eut raison de ma scolarité et de ma trajectoire professionnelle.

Le lieu où j’ai grandi et un épisode dans mon enfance ne furent pas étrangers à mon métier. Je peux dire que j’ai mûri en accéléré, loin d’une enfance standard.  Lorsque l’on me demande comment j’ai démarré l’astrologie, ces événements jaillissent dans ma mémoire car, sans eux, je ne serai jamais devenue astrologue, j’aurai suivi un cursus scolaire classique, mais la vie en a voulu autrement.
J’ai longtemps pensé qu’il était inutile d’en parler car il s’agit de lever le voile sur le domaine de la santé, sujet délicat.  Pourtant, tardivement dans ma vie, j’ai compris que l'un des événements était inhérent à mon parcours, alors j’ai décidé de le rendre public. Par ailleurs, il apporte un témoignage d’espoir pour ceux, qui comme moi, auront connu des épisodes similaires de santé et qui, depuis des années sont épanouis dans leurs activités.

DE l’EPILEPSIE A L'ASTROLOGIE

Fin Juin 1978, quelques secondes suffirent à installer le terreau de ma philosophie de vie.
En regardant en arrière, rien ne se me prédestinait à devenir astrologue professionnelle et encore moins à enseigner l’astrologie car je n’eu aucun environnement astrologique, ni une influence extérieure quelconque en ce sens, avec pour unique professeur : la vie. Néanmoins, mon père avec son amour des étoiles eut une influence certaine dans les années 1977 et 1978 sur ma soif de découverte du ciel. L’astronomie m’attirait dans ces années-là, mais au fond comme tous les enfants.

J’ai grandi dans les Ardennes, puis dans le Sud à la campagne dans un environnement de potagers, où l’on cultivait les légumes au rythme des Lunaisons. C’était très agréable. Mais l'année de mes 8 ans, ma mère décéda des suites d'une maladie. Sa mort me tira de l'insouciance, me projeta vers une autonomie précoce et les soucis du monde des adultes. Sa disparition me confronta à une salve de questions à propos de la mort. Existait-il quelque chose après la vie ? Qu'était-elle devenue, où était-elle ? Autant de questions qui, face à cette réalité, s'engoufrèrent dans mon esprit.

Avant mes 9 ans, la vie continua donc sans ma mère avec mon père endossant les deux rôles. Les soirs d'été, il me montrait régulièrement la voûte céleste, me disant combien nous étions petits face à l’immensité de l’univers. En silence, son regard vers cet infini semblait aussi interroger l'univers. Devant cette vision céleste, je ressentais une boulimie de découvertes. 

Au collège, j'avais des facilités et les perspectives s'ouvraient, j'étais convaincue d’embrasser un métier artistique. Je voulais travailler dans la publicité ou évoluer dans une branche artistique, mais un imprévu changea l’ordre des choses.

Le libre-arbitre dit-on...

IMPREVU TRES SOUDAIN

L’été 1978 un événement extrêmement soudain, décida de mon orientation scolaire.

A 12 ans et 6 mois, début Juin 1978  une maladie neurologique me foudroya, déstabilisant ma famille et l'organisation quotidienne. L’épilepsie généralisée avec une crise appelée " le grand mal" fit irruption dans mon cerveau. Sans aucun signe avant-coureur, sans une once de symptômes avant, d'une seconde à l'autre je fus tétanisée par une paralysie soudaine de tout mon côté droit (atteinte hémisphère gauche) avec une compression de ma cage thoracique. Mon corps fut comprimé dans un terrible étau avec la montée de tremblements incontrôlables de ma jambe droite, je perdis la vue d'un côté et crus vivre une crise cardiaque. Mon amie d'enfance présente, appela au secours mon père. Ainsi s'ouvrit le début d'un chapitre de vie...

Après une semaine d'hospitalisation et une série d'examens, fond d'oeil, E.E.G, ponction lombaire, il fallu attendre une nouvelle crise pour confirmer l'épilepsie. J'ignorais que l'on pouvait avoir une maladie dans le cerveau. J'appris à ce moment là le caractère cyclique de la maladie et le fait qu'elle revêtait plusieurs formes, crises partielles ou générales. Mes multiples symptômes allaient dans le sens d'un diagnostic d'une épilepsie généralisée mais l'on ne m'administra pas de traitement immédiatement pour observer si l'épisode était isolé ou s'il revenait, confirmant la pathologie. On prit des précautions et on me surveilla dans les actes du quotidien.

Du jour au lendemain, on me barda de recommandations, m'interdit l'accès à des sports comme escalader rapidement à la corde, une activité au programme scolaire. La soudaineté de la crise, suivie de la perte de conscience, fut telle qu'elle demanda la plus grande prudence et une surveillance en particulier lorsque j'étais à la piscine.

Non jugulée par un traitement, une nouvelle crise frappa dans la soirée du 29 Juin 1978 et me fit vivre cette fois ci une expérience indescriptible à la fois sur le plan émotionnel, sensoriel et physique. Elle fut un condensé de dimensions pures et fusionnées, des émotions inexistantes dans notre réalité. Cette soirée allait bouleverser ma jeune vie, pour toujours. 

Avant de faire le coma post critique, la crise fut précédée d'une expérience sensorielle multidimensionnelle aussi éprouvante que porteuse d'espoir pour les sensations produites par la chimie d'un cerveau en plein orage neuronal. Tout fut gravé en moi comme un enregistrement dans des zones de mon cerveau et aussi dans les cellules de mon corps. L'épisode est ancré si profondément en moi qu'il semble s'être enregistré dans une zone totalement inaltérable, en dépit du temps, il est toujours intact dans ma conscience des décennies après.

La crise à laquelle je m'attendais, était dans ma conception des choses, identique à la précédente, une attaque physique très soudaine, une compression dans la moitié du corps, des tremblements, en somme un moment très désagréable physiquement à passer puis un coma post crise. Je m'armais de courage pour le cas éventuel où cet épisode difficile se représenterait. Il n'en fut rien. Un nouvel épisode inattendu survint.

Ma grande crise générale que je qualifie de profond voyage intérieur dans ma conscience, fut précédée par un détail, l'aura épileptique. Nous étions en famille avec les voisins devant le seuil de la maison à profiter de la soirée, j'observais les couleurs du ciel d'été en cette fin de journée, quand soudain, sa luminosité augmenta. Je vis une variation d'intensité, sous la forme d'un léger flash. Cette perception fugace retint mon attention, mais je la mis sur le compte d'une illusion d'optique, avant de retourner à l'intérieur de la maison rejoindre ma famille.

Quelques minutes plus tard, l'attaque neurologique s'enclencha depuis mon intérieur sous la forme d'une douceur enveloppante. Tout commenca par une inexplicable lassitude générale  surgissant de nulle part. Je dus interrompre ce que je faisais, mes discussions, et m'assis car je me trouvais bizarre. L'environnement, le décor semblaient aussi étranges sans bien comprendre ce qu'il se passait. Quelque chose avait changé dans l'air et continuait de changer dans la pièce, les perceptions, la sensation de l'air, les couleurs, je ressentais toute la pièce, comme une hypersensilité, une perméabilité de mon corps à la matière, à l'environnement.

Soudain, je ne reconnus pas le visage de la personne qui passait devant moi, son nom ne me revint pas, son identité non plus, ni le lien qu'elle avait avec moi et pourquoi je la voyais, ma mémoire sembla inaccessible, lorsque je voulus faire un effort pour accéder à ma mémoire, ma mémoire était effacée, inexistante. A la place je sentis un effroi intérieur.  Je ne pouvais communiquer.  Une chose me neutralisait de dedans. Cette chose m'encerclait le dos, absordait mon énergie depuis l'intérieur. Une vague immense de chaleur m'enveloppa, bien qu'assise, je ne ressentais plus la perception de mes jambes. Elles semblaient différentes, anesthésiées. Sans reconnaitre ces gens, ni savoir ce que je faisais dans ce lieu ni depuis quand j'y étais, ni à quelle période on était, avec ma perception bizarre de mon propre corps, une terreur absolue envahit mes cellules, la terreur circulait à toute vitesse dans mes veines et de plus en plus vite dans tout mon corps. Mon sang semblait bouillir, une chaleur intense m'envahissait, tout cela imbibait tout ce que j'étais melé à une vague de chaleur courant le long de ma colonne vertébrale puis atteint mon cerveau qui se mit à me bruler de l'intérieur. Tout mon corps fut envahi par une vague de terreur et de chaleur intense. Je ne savais plus où j'étais, qui j'étais. Un vide terrifiant.

Tant bien que mal, je fis un pas instinctivement pour rechercher de l'aide auprès des personnes, sans être capable de parler. 

Soudain l'émotion "d'avoir déjà vécue" fut saisissante, instantanée et foudroyante, tel une libération d'énergie partout, sa limpidité émotionnelle était surdimensionnée y compris dans l'environnement.  Je ressentis la perfection absolue de cette émotion.  Un moment époustouflant d'évidence où l'émotion rayonnait d'une dimension illimitée.  Grandiose émotion que de ressentir "d'avoir déjà-vécue".

Simultanément je me sentis figée dans l'éternité et pour l'éternité. Cette émotion était inouie, une sensation d'être enfermée dans l'éternité sans repère de temps, d'espace, sans identité. 
 

SOUDAINE PARENTHESE - ETAT DE CONSCIENCE MODIFIE

En pleine conscience et sous un temps qui me parut long, je fus habitée par de multiples sensations simultanées comme si toutes ces émotions pouvaient entrer dans un seul point de conscience absolument infime qui n'occupe aucun espace. Les émotions s'entrelaçaient et se superposaient, j'eu conscience d'être un enfant et à la fois "d'avoir eue une longue vie". Je me souvenais avoir eue une très longue vie et cette émotion fut plus persistante à la précédente comme si ma conscience faisait un focus sur cette émotion. Des reminiscences remontaient, elles m'imbibaient émotionnellement. Plusieurs souvenirs vies semblaient superposées comme si le futur, le passé étaient superposés et fusionnaient une simplicité évidente. J'étais consciente d'être vivante mais je ne savais dans quoi je vivais, ni dans quelle époque. Le temps n'existait pas, j’étais privée de tout repère spatio-temporel mais de l’intérieur, c'était interminable. Dans "mon état" la fonction de la parole n'existait pas. 

Et tant d'émotions encore incroyables et d'autres sensations physiques générées par un orage neuronal généralisé.  Je ressentis des émotions terrifiantes et d'autres si délicieuses. J'étais consciente de tout avec une conscience justement très fine, très rapide. 

Dans ce bref laps de temps pour ma famille témoin de mon immobilisme - en plein début de crise-, je fus traversée de subtiles sensations, issues de mélanges d’impressions et d’émotions, avec une rupture de mes repères spatio-temporels et la perte de ma propre identité. Je me sentis être en train de commencer à mourir. Je le ressentais intérieurement par l'état anormal dans lequel je me trouvais. De l’intérieur, j’existais en étant paradoxalement moi-même vacuité, en vivant seulement à travers un point de conscience. Certaines sensations et émotions restent indescriptibles pour la simple raison qu’elles étaient un mélange de sensations de profondeur et de hauteur. Les émotions avaient des dimensions.
Je connu aussi la sensation simultanée de n’avoir aucun passé, ni de perception de corps physique, d'être indifférente à tout ceci, ni de me souvenir depuis quand j'occupais ce corps qui m'était étranger, simultanément la terreur était un abime, les repères d’espace temps et de l’époque n'existaient pas, j'étais neutralisée de l'intérieur, totalement verrouillée de l'intérieur et paradoxalement totalement consciente d'être balayée par toutes ces émotions et sensations. J'étais consciente d'avoir des personnes non loin de moi dans cet environnement, elles semblaient vivre dans un monde en parallèle du mien, avec peu de dimensions, comme un film plat. Et ce que j'éprouva en les ressentant, sans pouvoir bouger, ni communiquer, me provoqua aussi une émotion. 

Quand soudain l'impensable éclata à ma conscience, je me sentis vivre en étant à coté de mon corps , sortie sur un coté, sans m' apercevoir du moment quand cela eut lieu. Le choc me saisit et l'émotion que je ressentis fut indéfinissable.  Il ne me fut pas possible de me réaligner dans mon corps, malgré mes efforts. Une douleur morale apparut, une détresse rare. Ce moment fut la pire étape de ma crise tandis que je n'avais toujours pas perdue connaissance. Vu l'état dans lequel je me trouvais, spontanément je me sentis être en train de commencer à mourir, je le ressentais sous la forme d'un signal interne, comme une reconnaissance interne, une horloge chimique, je ne saurais l'expliquer, c'était une sensation provenant du plus profond de ce que j'étais. Je me sentais être dans un stade où tout se jouait une urgence absolue, un point de bascule.

 Je constatai l'impossibilité d'agir sur mon corps à coté, de pouvoir revenir et j'avais conscience de tout, tout en ayant perdu toute possibilité d'agir, de bouger, de parler, les repères du temps et de l'espace étaient inexistants.

DIFFICILE A DECRIRE

Il est bien difficile de tout raconter car les mots les plus appropriés soient-ils ne reflètent pas du tout le niveau d'intensité, de clarté et de sensation multidimensionnelle, vécus instantanément. Comment décrire verbalement l'état de perfection, comment trouver les mots quand des émotions dimensionnées sont d'une telle clarté que vous êtes unie avec ces émotions. Comment décrire la sensation d'être figée dans l'éternité et celle d'avoir déjà vécue. Aucun vocabulaire ne pourra reconstituer la particularité de ces émotions et sensations fusionnées d'une justesse parfaite.

Mon résumé est bien réducteur, car en réalité ce que je vécus avant le coma post crise, est encore plus terrifiant émotionnellement autant que ce fut merveilleux et plein d'espoir sur le corps et le cerveau. Je traversais des étapes émotionnelles, à un moment je me sentais être en train de partir au point que j'éprouva un désespoir total que ma famille interprète mon état verrouillé pour ma mort et m'enterre alors que j'étais vivante. 

 Exprimer ce voyage intérieur dans son intégralité, serait bien trop long et peu adapté dans le cadre d'une biographie si ce n'est l'intérêt certain qu'il présente puisque cette crise aussi traumatisante qu'indélébile est à l'origine d'une cascade de situations. Elle participa à la construction de ma personnalité, à son développement et à ma trajectoire professionnelle . Je tiens à exprimer ces différentes étapes vécues intérieurement pour établir le lien avec mon évolution, pour leurs répercussions au long cours sur mon chemin de vie. 

Ma grande sensibilité aux ambiances, mes sensibilités, thématiques ou encore ma conception du libre-arbitre sont nées à ce moment là.


En Juin 1978, mes crises générales furent suivies de deux comas post critique d'une vingtaine de minutes chacun. Cette crise fut d'un cran au-dessus, si terrifiante et si merveilleuse à la fois pour ce qu'elle me donna de vivre, que je me demanda si j'étais vraiment vivante ou morte sans le réaliser pendant les jours qui suivirent. Puis je compris que j'étais bien vivante mais dans un monde lent. Je me sentis revenue dans un monde qui marche au ralenti, avec peu de dimensions. J'avais 12 ans et demi quand ma vie bascula et je cessa d'être un enfant. 

L'été 1978 fut un black-out. Une rupture avec ma vie d'avant et le début d'une nouvelle vie. Mais il manque un bout de film dans ma vie, cette parenthèse.

Expérience aux sensations saisissantes rares, difficilement descriptibles et intacts, en dépit des décennies.

Cette crise n’eut rien à avoir avec la précédente, elle fut la rencontre avec une énergie inouie venant de l'interieur et controlant en un éclair tout mon corps, une porte ouverte à une transformation. Elle a soudainement fait basculer l’ordre des priorités et me laissa en héritage un état d’esprit précocement ouvert sur les capacités du cerveau et du corps, mais aussi les questions de la vie après la mort. Le décès de ma mère avait amorcé le changement, l'épilepsie l'a accéléré et rendu majeur.

 Sans que je le décide, il en découla de nombreuses conséquences.

Cet épisode m’a donnée une grande réceptivité aux ambiances, une faculté pour ressentir l'invisible et en particulier les émotions des autres, une sensibilité à la beauté de la vie, aux êtres et au simple bonheur de vivre. En raison de son caractère hors norme et traumatisant pour mon jeune âge à l’époque, cette expérience inclassable reste au-dessus de tous les événements de ma vie, quoi qu’il m’attende dans le futur. Cet événement semble gravé, non pas dans ma mémoire, mais dans ma conscience.

DES SIGNES ET DES SIGNES, L'ASTROLOGIE EN COURS DE STENO, LYCEE VICTOR HUGO, GAILLAC

PLUS DE 45 ANS PLUS TARD

Au moment même de cette crise, le regard que je portais sur le monde changea et je mis des années avant de m’en remettre sans craindre qu’une crise analogue ne vienne interrompre pour de bon ma jeune vie. Je mis aussi du temps à en parler car il fallait trouver les mots appropriés et les sensations étaient si extraordinaires qu’il était impossible de trouver les mots adaptés, à part résumer cette longue expérience en une impression de sortir d’une coquille vide et d’être bien vivant sans son corps physique.

Cette crise ressembla à une parenthèse hors de notre réalité. Je l'estime environ à plus d'une demie heure vécue de l'intérieur alors qu'en réalité, elle ne dura qu'une poignée de minutes avant la perte de conscience.  Progressivement, je commença à en parler à mes proches et cercle d'amis en me rendant compte que mon récit était long car l’expérience vécue depuis l’intérieur l’était. Pourtant ma famille et les voisins qui assistèrent à la scène décrivèrent que je commença à me figer environ une minute avant de chuter au sol dans un cri et commencer à convulser. Vécu de l’intérieur ce n’est pas du tout une minute mais un moment figé dans une sensation d'éternité. La notion du temps était toute relative, tout dépendait de quel côté on se trouvait !

 J’avais connu aussi des absences imprévisibles et non contrôlables, des déconnexions en une fraction de seconde, des impressions de glisser de son corps mais ces ruptures et sensations étaient d'une grande douceur.  Ce que j'avais vécu n’avait strictement rien à voir. Je n’ai jamais eu de réponse sur ce qui m’a provoqué cela, si les zones de mon cerveau m’ont fait vivre ce moment ou si j’étais en réalité en train de commencer à mourir.  Le mystère restera entier. Le neurologue nous parla du lope temporal et les deux hémisphères touchés. Entre le traitement et la maladie, je vivais avec une perte de mémoire immédiate, des difficultés de concentration, des absences, des désorientations spatio-temporelles, des picotements dans ma colonne vertébrale la nuit, des insomnies. 

1978 la scolarité se jouait sans moi. Ma vie scolaire dérailla avec une impression de sortie de route. Ce virage fut si puissant que je fus par terre au sens propre comme au figuré. Du jour au lendemain, ma perspective de suivre des études s’assombrit et le verdict médical du neurologue l’était tout autant. L'activité neuronale n'était pas bonne.

 Mon quotidien était toujours bardé d’interdictions afin de pas solliciter une nouvelle crise. Le neurologue proposa de m’opérer du cerveau ou de me donner un traitement de longue durée avec des conséquences sur l’assiduité en classe, retentissant sur mes facultés de mémorisation. Le libre-arbitre dont je ne connaissais pas le terme à l'époque, se représenta une nouvelle fois dans le cabinet du neurologue. Un choix important à faire avec deux chemins. Mon père pris une décision déterminante et refusa que l’on m’opère le cerveau, à la place un traitement très long  fut installé, un traitement aux effets secondaires. Ce que je crus n’être que des paroles par le neurologue s’avéra juste. Entre le traitement lourd et les séquelles sur mes facultés de mémorisation, mes absences et mes insomnies, je décrocha immédiatement au collège tandis que mes camarades continuaient d’évoluer.

MEDITATION

La liberté d'agir que je n'avais pas eue, je voulais l'avoir sous une autre forme. Chaque jour je conditionnais mon cerveau afin de lui envoyer des pensées positives pour qu'il se stabilise et me donne le meilleur de lui. Sans le savoir, spontanément je pratiquais de la méditation en pleine conscience car je pensais que la force mentale pouvait contribuer à ma guérison. Ces pratiques de concentration commencèrent dès mes 13 ans et continuèrent sur mes 14 ans, les deux années traversées dans une zone de turbulence neurologique et d'hypersensibilité aux ambiances.

LA VIE D'APRES

Il faut comprendre que la soudaineté de l’épilepsie revient à vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. D’une seconde à l’autre, on peut être neutralisé de l'intérieur par une crise, une réalité qui modifia le rapport au temps et me donna la valeur de l’instant présent. La puissance de la crise m'avait paralysée de l'intérieur immédiatement avec une puissance d'énergie. Je fus verrouillée depuis l'intérieur, ce qui a eu pour conséquence de me mettre à dévorer la vie et l’instant présent, de peur d'être neutralisée d'un instant à l'autre, de crainte que toute action soit interrompue soudainement par cette chose. La peur fut mon moteur. Je savais que je pourrais être saisie d’une nouvelle crise et ce que j’avais vécu me terrifiait. J’avais peur de mourir jeune, j'avais peur de mourir pendant une crise aussi forte, alors je vécu avec un sentiment d’urgence, comme si le temps m'était compté. Plus rien ne fut comme avant.

Au moment où s’est jouée cette crise extrême, j’étais lucide et dès mon réveil je fus assaillie de questions existentielles pas vraiment en accord avec mon âge civil. Dans les mois qui suivirent, ma disposition d’esprit et surtout ma conception de la vie avait changé, je n’avais que 13 ans mais les questions métaphysiques, la question de la vie et la mort, le potentiel de notre cerveau, ces questions sérieuses avaient surgi.  En quelques mois, je mûris en accéléré et me sentie différente, en décalage de mes camarades. J’avais vécu quelque chose qu’ils n’avaient – heureusement – pas vécu et à partir de ce moment, le sentiment de décalage fut sans fin.
J’étais très réceptive et ressentait clairement l’énergie émise par les gens, je percevais leurs intentions. Cette maladie m’avait transformée à tous les niveaux, bien sûr en me donnant la rage de me battre pour surmonter mon problème de mémoire mais la maladie m’avait laissée une sorte d’héritage, une perception aiguisée, sauvage, comme un radar intérieur.

Mon parcours astrologique pris naissance dans ces conditions particulières de cette épreuve dont nous nous serions bien passé, ma famille et moi-même. Au terme de deux annnées de traitement, l’inverse du pronostic médical se produisit, ma mémoire sembla élastique, elle reprenait bien grâce à la complexité du mécanisme astrologique, je me rendis compte que je stockais bien ce que je voyais, entendais et surtout les données astrologiques. Je me rendis compte que l’astrologie avait la particularité d’être l’unique matière qui restait fixée dans ma mémoire, alors l’astrologie rééduqua  mois après mois, années après années, mes facultés de mémorisation et de concentration.
Ma mémoire revenait en force et elle était visuelle, cela me facilitait l'assimilation des informations astrologiques.

 LA TRAJECTOIRE ASTROLOGIQUE

Vers mes 15 ans, un jour je porta attention à l'écart en degrés de ma conjonction Lune-Saturne, principe de sevrage affectif, de séparation ou archétype de famille monoparentale. Ma conjonction appliquante en Poissons occupe la maison IV , la famille, la mère.

Distance entre ma Lune 3°34'- Saturne  12°08'=8°34 minutes, soit en datation symbolique 8 ans et demi, l'âge que j'avais à la mort de ma mère. Cette astrologie me déstabilisa. La question d'un destin encodé dans le thème de naissance se représentait à la table.

Lorsque je repris vraiment de la force au bout de deux à trois ans, nous étions en 1981 et 1982 et l’astrologie avait envahi mes jours et mes nuits, tandis que j’étais toujours au Lycée. J’amenais dans ce lycée les affaires d’astrologie en classe, avec les autres matières et calculait les thèmes de mes camarades de classe.  L'astrologie me semblait une découverte fabuleuse, mais dont je ne savais que faire.

Les professeurs me reprochaient de dissiper les élèves avec mon astrologie. Je découvris très tôt combien l’astrologie divisait des clans et plus de trente-cinq ans après, rien n’a changé, l’astrologie continue de susciter des réactions de vive curiosité ou de railleries. Je compris au lycée que cette discipline ne laisserait jamais indifférent. C’était comme utiliser un langage qui allait attirer ou irriter bien du monde sur mon chemin.
Le déroulement de la vie fut conforme à cette perspective de vie que je voyais se profiler à l’horizon pendant mes heures de classe.

Avec le recul, à l’époque du Lycée, je peux dire que j’eue une vision de ma vie comme dans un livre ouvert. L’astrologie était là et elle semblait me coller à la peau, je savais au plus profond de mon être qu’elle n’allait plus quitter ma route mais si jeune.

Mon traitement fut efficace car je n'avais que des absences et enfin je commençais à voir le bout du tunnel mais pour la scolarité, il était trop tard. Les dés étaient jetés, j’avais perdu deux ans de ma vie scolaire. Entre temps, l’astrologie s’était engouffrée dans mon mental et je commençais à raisonner avec le mécanisme astrologique.

L’épilepsie générale avait bel et bien changé ma route. Un jour de 1982 j’eu un rêve éveillé en plein cours. En observant ma professeur de sténo devant nous, je me vis à sa place, enseigner l’astrologie à une classe. Je l’ignorai mais l’astrologie allait devenir mon métier et ce rêve éveillé devint ma réalité 23 ans plus tard quand je me mis à enseigner l’astrologie en 2005.  Je quitta le lycée en 1984 à 18 ans ayant pleinement conscience que la vie avait déjà distribué les cartes !
L’astrologie me permis de reconstruire mes facultés de mémorisation et ne quitta jamais ma route depuis l’été 1979, année de ma renaissance.

J'ai guéri de la maladie neurologique par étapes grâce à un long traitement sur dix-sept années et un conditionnement mental régulier dans mes jeunes années difficiles.

L’épilepsie a complètement disparue de ma vie dans la seconde partie de mon adolescence en me laissant un sentiment de sursis, de bonus de vie dont je dois profiter en donnant le meilleur, cette expérience inclassable m’a laissée une trace indélébile dans mon âme. Elle m’ a transformée et donné un amour profond de la vie.

Il m’arrive de m’interroger en me demandant quel métier j’aurais fait si l’épilepsie n’avait pas fait dérailler ma scolarité. Quelles études aurais-je suivies ?
Avais-je seulement une autre route ?

De l’épilepsie à l’astrologie, c’est mon parcours du combattant, la source de cette voie professionnelle, celle que le destin a choisi à l'époque pour moi et ma famille.  

LIBRE-ARBITRE 

En astrologie, le libre-arbitre est un sujet évidemment auquel je suis sensible depuis lors, mais penser que l'on peut avoir la liberté d'agir à notre guise et disposer du libre-arbitre est une vision qui aura du mal à me convaincre. Cependant on peut choisir de vivre une situation sous une forme ou une autre.

Au lieu de me battre, j'aurais pu me laisser aller, ne pas entreprendre ces exercices de méditation en pleine de conscience dans le but de reconditionner mon cerveau. L'histoire ne dit pas si cela aurait changé l'issue. Mais au moins j'ai fait ce qui était en mon pouvoir avec les moyens mis à ma disposition.  J'ai donc utilisé ma part de libre-arbitre pour contrer un libre-arbitre antérieur, ayant introduit ces épisodes majeurs pour infléchir le cours des choses.

Je n'ai pas pu éviter la situation mais je l'ai traversé avec ma marge de manoeuvre.


Cette expérience indélébile m’a conduit vers la résilience, elle m' a donnée un cadeau inestimable : la mesure des choses et intimé au plus profond de mon être sur l’aspect précieux d’un instant, d’une minute, d'une seconde et sur le fait que nous ne sommes que de passage.

Mon métier, un métier du coeur 

Mon métier touche le cœur de l’humain. L’astrologie est un outil intelligent permettant de vous connaître et de découvrir les autres sous un autre angle en allant au-delà des apparences.
Aujourd’hui , je vis d’astrologie entre mon écriture dans des magazines spécialisés ou grand public, les consultations et l’enseignement astrologique que j'ai dispensé à puteaux pendant 17 ans et continue en distanciel.
L’enrichissement laissé par de telles expériences précoces est certain. Nul doute, cela a forgé mon tempérament et donné des sensibilités à certaines causes. Je suis naturellement sensible à la cause des enfants épileptiques, comprenant bien les problématiques, les dégâts collatéraux susceptibles de troubler leur scolarité et leur sentiment de différence engendré par cette maladie,et je suis aussi sensible à la cause des non-voyants.

En 2002, je me suis investie pour les non-voyants en créant des cours d’initiation en braille, sous la forme d’un livre et d’une carte du ciel thermogonflée. J’ai fait appel aux techniques spécialisés de l’AVH, Association Valentin Hauy, à des fours chauffants donnant aux thèmes des dimensions, permettant une relation tactile avec l’astrologie.
Cette expérience demandant 2 ans de travail au contact de non-voyants,  m’a permis de voir combien nous étions en retard en France.  L’astrologie est une discipline «visuelle»  or, le public non- voyant est pénalisé. Comment voulez-vous comprendre l’astrologie si vous n’arrivez pas à visualiser un thème ?
 Apprendre l’astrologie par le sens du toucher est pour cette population, un moyen d’avoir aussi accès à l’astrologie.  En 2015 la loi pour l’accessibilité arrive enfin.  On va alors adapter des loisirs en braille et  c’est bien normal.
 
Dans mon métier, je suis confrontée à des gens dans l’incertitude ou qui souffrent. Mon rôle est de leur apporter une perspective de ce qu’ils traversent grâce à l’outil astrologique.  Ma perception aiguë que j’ai conservé de l’épisode de 1978 m’aide dans l’analyse astrologique, à la vue des thèmes il y a cette réceptivité toujours présente.
J’aime diversifier mes activités astrologiques en écrivant aussi bien dans un style grand public pour toucher un public profane, ou rédiger des articles plus pointus destinés à un lectorat initié.
Toucher le grand public est important car c’est dans ce public que sont les astrologues de demain.
 Lettre de mon amie et camarade de classe Nathalie Mougenot. Lycée Victor Hugo, Gaillac, notre section : sténo-dactylographie.

Si tout était à refaire, je le referai sans hésitation…le métier d’astrologue mal connu est un face à face au coeur de l’humain. Il touche le plan émotionnel, une consultation est toujours un voyage intérieur. La lecture astrologique offre un panorama permettant de situer la place de chacun dans son époque, son rôle au sein du plan collectif.  L’astrologie change le regard que l’on porte sur les autres et ouvre à la tolérance.

Valérie Tenza Darmandy